Vidéo de présentation, 2014 -
Articles paru sur le site "médecine douce.fr"
Article "réflexologie sud-africaine" paru dans Psychologie Magazine
Article "Musique et Shiatsu" paru dans La Lettre de l'Institut Français de Shiatsu:
Musique et Shiatsu -
Violoniste depuis l’enfance, il me suffit de fermer les yeux pour sentir sur mon épaule et dans la main gauche mon violon, et dans la main droite mon archet ; prolongement de moi-même, prolongement du cœur, fantastique instrument de langage et d’expression intime. Tout au long de ma formation à l’Institut, les liens entre le jeu instrumental et la pratique du Shiatsu ou de la réflexologie me sont apparus les uns après les autres. Il s’agissait d’équilibrer un corps (comme on accorde un violon avant de jouer), que la pression du praticien soit juste (le poids de l’archet sur la corde, la mise en résonnance du violon dépend en grande partie de la qualité de ce contact), donner un rythme, l’importance de développer le « ressenti » comme lors de Techniques Internes, etc. Un de mes professeurs de violon m’avait enseigné que pour réussir un grand démanché, c’est-à-dire un déplacement rapide du bas du manche vers les hauteurs, il fallait se chanter intérieurement la note aigüe juste avant de la jouer, et ainsi le doigt tombait pile à la bonne place. Comme le fait le praticien, centré et maîtrisant sa technique, qui place la main sur le bon point.
L’enseignement de « l’intention qui nourrit le geste », du stage Points Antiques, se rapproche de celui du musicien qui enrichit son interprétation par son inspiration. Le praticien se forme par l’apprentissage des techniques de base, la connaissance du corps (anatomie, cartographies, méridiens.). Le musicien apprend le solfège, comment faire sonner son instrument et maîtriser la technique. Il pratique ses gammes quotidiennement pour se préparer au jeu, comme le praticien fait son Misogi, ou Qi Gong. Le musicien interprète une partition, et sa sensibilité, sa personnalité imprègnent son jeu ; le praticien compose en fonction de ce que vit le patient, de son bilan et des principes transmis par la tradition chinoise. Il choisit entre les différentes voies pour favoriser la pleine expression des énergies du patient et l’accompagner vers l’équilibre.
Je me suis amusée à laisser parler ces liens.
Le corps du violon ressemble à la cellule œuf au stade embryonnaire, il en a la même structure, rapportant au Vaisseau Gouverneur, expression du Yang pour le dos, Vaisseau Conception, expression du Yin pour la table ventrale, et Vaisseau Ceinture, axe d’appui du chevalet qui communique les vibrations des cordes à la caisse de résonnance de l’instrument. Une petite pièce cylindrique, nommée « âme », debout entre la table et le fond, joue un rôle essentiel dans la transmission des vibrations et en permet l’expression, le son. Ce pourrait être notre Ming Men. En effet, l’âme, le Chenn, serait plutôt le chevalet placé entre les « ouïes » ou éclisses (ouvertures taillées sur la face de l’instrument), résistant à la forte pression des cordes, point culminant (yang) du violon prêt à être joué. Le violon est surmonté d’un manche et d’une tête, dite « volute » pour l’aspect ornemental en forme de spirale (mouvement, évolution, éternité). De là partent quatre cordes, de la plus grave à la plus aigüe, quatre comme les points cardinaux, les âges de la vie, les saisons (la stabilité) accordées à la quinte, c’est-à-dire distantes chacune de cinq notes de la gamme, cinq comme les cinq principes, cinq sens, cinq lombaires, cinq doigts.. bref ce qui permet le mouvement, l’action, la relation au monde. Le violon s’inscrit dans l’horizontalité et reçoit l’archet qui met les cordes en vibration. Celui-ci est le pendant yang du violon yin. Légèreté, verticalité, on dit de lui qu’il choisit le musicien et non l’inverse.
Le violon s’accorde à partir de la note « La » du diapason, qui est un repère de hauteur (fréquence se mesurant en hertz) produisant une note qui sert de référence aux musiciens. Ce diapason a connu quantités de variations aussi bien selon les lieux que les périodes, les styles de musique (baroque, classique etc.) s’adaptant à la tension des instruments à cordes. En 1938, l’Association Internationale de Normalisation a décidé que la référence serait désormais le La à 440hz, afin de faciliter les échanges et d’uniformiser les instruments. Adoptée par la plupart des instrumentistes, cette référence a tendance à se tendre vers l’aigu, selon la demande des solistes, et les pianos sont souvent accordés à 442hz.Cette volonté de « monter» le diapason a pour prétexte une recherche de son plus brillant mais elle est aussi le reflet de notre époque de plus en plus tendue, et de notre civilisation où le mental prédomine. Pour avoir confronté sensation énergétique et diapason différent, je peux témoigner qu’un diapason légèrement plus bas (par exemple 432hz) permet des sensations plus en phases avec le corps. Il active alors l’énergie au niveau du cœur, permettant au musicien et à l’auditeur d’être plus centrés sur leur ressenti, leurs émotions. Les ensembles de musique ancienne ont leur diapason particulier, selon le répertoire et/ou les instruments impliqués, et on peut observer que leur jeu est bien plus libre, leur corps plus impliqué que celui des instrumentistes « classiques ». Un musicothérapeute m’a raconté avoir voyagé avec une flûte amérindienne accordée en 432hz, et rencontré un chamane de Mongolie, et un joueur de didjeridoo en Australie, tous deux s’accordant parfaitement avec sa flûte. A travers ces rencontres, il est convaincu que les peuples proches de la nature s’accordent avec elle, en 432hz.
Le célèbre luthier Stradivarius, connut pour avoir utilisé en son temps une géométrie secrète basée sur le Nombre d’Or pour fabriquer ses violons, accordaient ceux-ci en 432hz. On rapporte aussi qu’il faisait couper les arbres pour ses futurs violons à la lune noire de janvier, au moment où toute la sève descend dans les racines. Mathématiques et lien avec la nature ont faits les plus beaux violons existant !
A l’échelle humaine entre Ciel et Terre, la musique aide l’homme à se maintenir à sa juste place dans la conformité et l’harmonie. La notion d’harmonie universelle est à l’origine même de la musique chinoise. L’empereur Huang Di, en 260 avant J.C. aurait chargé son ministre Ling Louen de l’élaboration d’une théorie musicale en rapport avec l’harmonie de la nature. Celui-ci détermina un son "fondamental" en soufflant dans un tube de bambou. Ce son de référence nommé Houangtchong ou Cloche jaune correspond à la note Fa3, c’est-à-dire le Fa de la troisième série de huit notes sur un clavier de piano. D’après la légende, le ministre coupa ensuite onze autres bambous, de sorte à reproduire les différentes notes chantées par deux phénix, l’un mâle et l’autre femelle : il obtint ainsi six tubes Yin et six tubes Yang. Le diapason (alors un tuyau de flûte) était considéré comme un élément stratégique en ce temps-là, et seul l'empereur le détenait. Une fois par an, il allait écouter les orchestres de ses provinces et vérifier la bonne tenue de leurs musiques. Si elles déviaient du diapason, il y avait danger d'agitation sociale. Si au contraire, elles se conformaient au diapason, l'empereur pouvait repartir confiant.
Ces sons sont utilisés depuis très longtemps par la médecine chinoise. Ils agissent sur les énergies internes ; chaque son entre en harmonie avec la fréquence vibratoire d’un organe et permet ainsi de le rééquilibrer. C’est également le principe des mantras bouddhiques et du Kototama enseigné à l’Institut lors du stage de Do-In.
Le son a besoin de la vibration de l’air, dans le vide il ne se propage pas, mais les solides et les fluides (matière, eau) reçoivent ses ondes, et se modifient. Le japonais Matsuro Emoto a étudié des clichés de cristaux de molécules d’eau soumis à la musique de J.S.Bach ou de hard rock, montrant à quel point les vibrations affectent l’eau . On peut imaginer l’effet de ces musiques sur notre corps composé d’eau en grande partie. Hard Rock J.S.Bach
La musique est en lien avec l’énergie des Reins, de nature Eau (l’écoute, l’organe oreille, l’ouïe, les structures profondes). A travers ce qu’elle exprime, elle nourrit l’énergie du Cœur, de nature Feu : c’est l’axe Shao Yin, symbolisant la croissance de l’être. Energie des Reins, les racines, et du Cœur, circulation de la vie, ce n’est donc pas un hasard si on met de la musique aux plantes pour les faire pousser, elle nourrit leurs racines et les aide à s’épanouir !
Si on regarde le clavier d’un piano, on observe la gamme de sept notes (touches blanches), do-ré-mifa-sol-la-si, sept comme les chakras, les cervicales, les jours de la semaine, les couleurs de l’arc en ciel..Les touches noires sont au nombre de cinq, ce sont les demi-tons, cinq principes, lombaires..(voir plus haut). L’addition des deux nous donne les douze degrés de demi-tons de la gamme, douze comme les méridiens, les dorsales, les saisons, les travaux d’Hercule, les apôtres..
La musique est thérapeutique, comme nos pratiques. Elle engage le cerveau de l’auditeur dans sa globalité. Elle sollicite le circuit de la récompense et augmente la libération de dopamine, associée au plaisir, et diminue le stress en stimulant l’ocytocine. Elle équilibre le système nerveux, immunitaire et favorise même les accouchements, donc l’expression de la vie. Lorsqu’elle est nourrie du ciel et inspirée, elle nous transporte et nous rend meilleur : c’est ce vers quoi nous devons tendre dans la pratique corporelle.
Dans notre cabinet, on peut considérer le bénéfice de laisser dans la salle d’attente une musique apaisante et structurée (Bach ou Mozart), qui mettra le patient en état de « détente éveillée ». Et penser également à l’importance du silence lors du soin, pour laisser la place à son espace intérieur, intime, sa « petite musique personnelle »